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Nicolaî Tafta

Actualités

Les relations culturelles franco-roumaines au cours des siècles

par Nicolai Tafta
membre correspondant
Séance du 20 octobre 2011


Les échanges spirituels entre la France et la Roumanie ont connu une évolution extraordinaire depuis l'époque des premiers contacts suivis entre les deux peuples, à savoir les dernières décennies du XVIII siècle, jusqu'à l'époque de l'entre-deux-guerres, période d'apogée de ces relations. Ayant pris conscience de leur origine commune et surtout de leurs affinités spirituelles hors du commun, les intellectuels des deux nations ont fait circuler dans les deux sens, par l'intermédiaire du français, une véritable sève vitale traduisant leur génie et leur âme. «
Quand il s'agit de la Roumanie et de la France, dira Nicolae Titulescu, président de la Société des Nations en 1930, il est difficile de séparer le cœur de la raison. »
L'influence française a contribué d'une façon majeure à l'évolution de la vie spirituelle roumaine vers la modernité, voire à la naissance en Roumanie d'une culture moderne d'expression française et roumaine à la fois. Cette influence s'est exercée constamment tout au long du XIX siècle et jusqu'à la seconde guerre mondiale, l'engouement des Roumains pour les valeurs françaises et leur appétit pour apprendre cette langue prestigieuse étant tout à fait extraordinaires. L'Italien Bruto Amante notait déjà, dans un livre sur la Roumanie paru à Rome en 1888 : «
À Bucarest si parla francese comme si puo parlare a Parigi».
Au début du XX siècle, Bucarest était surnommé « le Petit Paris » et sa population était francophile et francophone pour de bon. Charles Drouhet, universitaire français naturalisé roumain, constatait vers 1920 que «
S’il existe un pays ou le voyageur français ne se sent pas dépaysé, c’est bien la Roumanie ». A son tour Paul Valéry, plaidant pour une meilleure diffusion de la culture roumaine en France et saluant l'entreprise de l'Ecole roumaine de Paris de publier des œuvres littéraires d'auteurs roumains en version française, notait là-dessus : «Il ne serait que juste que la nation du monde où nos Lettres sont, je le pense, le mieux connues, où notre langue demeure le langage préféré de toutes les personnes instruites, reçoive chez nous, quand elle nous offre les meilleurs ouvrages de ses écrivains, toutes les marques possibles de sympathie et d'attention.»
Les nombreuses écoles françaises implantées depuis longtemps dans les grandes villes de Roumanie, l'Institut Français de Hautes Études en Roumanie, les écoles roumaines créées en France et l'Institut Roumain de Paris avaient favorisé un florissant « commerce » intellectuel et artistique entre les deux nations. Si, dans 1es premières étapes de ces relations, c'était la France qui donnait le plus dans 1’échange, par la suite, a partir de la seconde moitié du XIX siècles, lorsque des écrivains roumains ayant fait leurs études à Paris traduisaient leurs œuvres en français ou bien en créaient d'autres en cette langue, puis pendant la première moitié du XX siècle, les Roumains ont « payé leur dette », en partie au moins, en contribuant au prestige actuel de la culture française. Il suffit de mentionner là-dessus les noms de Brancusi, de Tzara et Janco, ceux d'Istrati, Voronca, Fondane, Gherasim Luca, Isidore Isou, Virgil Gheorghiu, Vintila Corbul, ceux de Ionesco, Eliade, Lupasco ou Cioran, de Georges Enesco ou d'Elvire Popesco, pour souligner l'importance des pléiades roumaines dans la modernité de la culture française.
Pendant la noire période du communisme en Roumanie, les relations culturelles francoont subsisté surtout par le biais des contacts non officiels, par l'amitié inextinguible des Roumains pour leurs frères « interdits », par la nostalgie des intellectuels francophones et surtout par un vrai amour de la culture et des valeurs françaises en général. Rien d'étonnant alors à ce que, après le dégel de 1989, les échanges aient connu un revirement spectaculaire et se soient développés dans le contexte favorable de l'adhésion de la Roumanie à l'OIF puis à l'UE. Un ample Programme de Coopération Culturelle, Scientifique, Technique et Institutionnelle a donné un grand essor à ces échanges, la coopération culturelle et scientifique évoluant sans cesse, en vertu et dans le cadre d'une solide tradition de l'amitié franco-roumaine.


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